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Rappel: tous ces portraits sont issus des souvenirs de William CREFF et concernent les 40 de la 6è ..rentrée 1959.
Il se peut que vous ne partagiez pas les jugements portés: écrivez-moi (christianedaire@orange.fr), vous serez publiés.
Rosette COSSON était d’humeur égale. Jamais d’écart de voix, jamais de grands éclats de rire. Elle ne parlait jamais pour ne rien dire. Ses gestes étaient d’une grande sobriété. Rosette incarnait le type parfait de la fille sérieuse. Dans la classe, elle n’avait d’égal que notre traqueuse en titre, Josette ANDRE.
Rosette avait le devoir de réussir plus qu’une autre, car son père était enseignant à l’Ecole PASTEUR. Responsabilité bien lourde pour une fillette de douze ans ! Et quel père, un vrai personnage, haut en couleur ! JOJO, comme le surnommaient ses élèves. Avec ses culottes de cheval et ses gitanes papier maïs, il était l’instit d’une génération révolue. Ses coups de gueule résonnent encore sous les préaux et le bruit de ses pas hante toujours sa classe à l’entrée de l’école. Aucun de ses élèves ne l’a oublié. Il restera pour longtemps gravé dans leurs mémoires.
Pauvre Rosette, comment ne pas être étouffée par un tel PAPA et ne pas être stressée par le devoir de réussir ? Ton visage avait du mal à dissimuler tes inquiétudes et ce n’était pas tes frêles épaules et tes douze tendres années qui pouvaient te venir en aide pour gérer ton quotidien.
M. BOURGON avait beaucoup de respect pour toi. Lorsqu’il t’interpellait pour te poser une question, c’était toujours avec un sourire avenant. Il t’appelait alors «Rosette», d’une voix douce, comme s’il voulait te rassurer et te protéger.
CD: c'est la "perception" de William...ce n'est pas la mienne.
Rosette faisait partie de mes amies les plus proches.
En 6è, je passais tous mes samedi ap.midi chez elle, nous écoutions des disques et parlions..normal nous étions des filles.
dès la 5è j'avais été "embauchée" pour apprendre le solfège à des élèves qui n'avaient pas eu la chance d'avoir un enseignement en primaire. L'année suivante, M.J m'a rejoint....
Rosette était une vraie personnalité, très affirmée, très décidée. Elle l'a prouvée dès sa 2sd.
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Nadine CORNET
Nadine affichait en permanence un regard malicieux et un sourire coquin aux coins de ses lèvres.
Sa voix était franche et directe, seul M. MORIZET avait le pouvoir de faire fondre son sourire. A la fin d’un cours de maths, alors que ce dernier venait tout juste de quitter la classe après nous avoir surchargé de travail (exercices, plus exercice supplémentaire facultatif), Nadine s’exclame : « Avec tout ça, on n’est pas sorti de l’auberge!». Le lendemain matin, alors que M.MORIZET nous surchargeait à nouveau de devoirs, il ajouta d’un ton malicieux : « Et tout cela pour que notre jeune amie Nadine Cornet puisse dire à tous ses petits camarades - Avec tout ça, on n’est pas sorti de l’auberge! ». Vif émoi de Nadine qui depuis, réserva ses états d’âme, à un auditoire moins étendu.
Elle était une grande élève fort sympathique et très bonne camarade.
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Raymonde TAILLAT
Raymonde ne comprenait rien à la géométrie et à l'algèbre. En quatre années, elle n'aura retenu que quelques définitions bucoliques.
- qu'une figure à quatre côtés est un quadrupède quelconque.
- que deux droites concourantes sont deux droites qui se coupent assez loin.
- que Pythagore était un illuminé d'un autre âge qui prétendait que dans un triangle rectangle, la somme des deux côtés adjacents à l'angle droit était égale à la somme des trois côtés, moins l'apothéose.
Avec ce solide bagage en poche et des notions certaines pour les autres matières, notre Raymonde se présente au BEPC. Elle échoue aux écrits mais fut cependant rattrapée à l'oral, saisie par l’apparition providentielle d'un M.MORIZET luminescent qui lui soufflait les réponses à l'oreille.
CD ce dernier paragraphe est Totalement faux,(preuve que notre mémoire peut jouer des tours): les 27 élèves de la 3èA ont tous réussi le Brevet, aucun n'a passé "un" oral...je crois qu'il en a été de même pour les 2 autres 3ème qui, pour la plupart, étaient directement entrer en 5è...
Il fallait la voir, la Raymonde, à la course ! Elle courait très vite. Tête penchée sur le côté, dents serrées et cisaillant l'air des ses coudes, elle donnait le meilleur d'elle même pour gagner quelques centimètres sur le garçon qui était loin devant... (Il me semble avoir oublié de préciser un détail, mais qu'importe, continuons.)
Ne m'en veut pas Raymonde, tu étais une bien bonne camarade. J'ai exagéré bien sûr. Tous les élèves de la classe ne pouvaient être que bons, avec M. MORIZET. Avoir un 10/20, ce qui était ton cas, n'était pas si mal. Aujourd'hui beaucoup d'élèves espéreraient avoir une telle moyenne en maths.
Te souviens-tu de la "METHODE MORIZET" pour ancrer les théorèmes dans nos petites têtes? Il regardait un élève et commençait l’énoncé. De son index blanchi de craie, il braquait le pavillon de son oreille dans sa direction et disait : "Qui dit que ?" et l’élève interrogé récitait la suite du théorème.
Il appliquait la méthode COUET et cela fonctionnait très bien. Rares étaient les fois où l'élève butait sur la suite de l'énoncé et si tel était le cas, il le lui faisait copier dix ou vingt fois pour le lendemain matin.
Te souviens tu également de la manie de M.MORIZET ? Il caressait sans cesse la boutonnière de sa blouse grise avec ses doigts pleins de craie. Plus les jours de la semaine passaient et plus la boutonnière était blanche. C'était en quelque sorte un repère visuel pour évaluer le jour de la semaine. Gris – LUNDI . Tout Blanc - SAMEDI.
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Maryse TARNIER
Maryse TARNIER était une camarade très timide. Interrogée, elle répondait d’une voix si faible que personne ne pouvait l'entendre. Combien de fois Mlle LACOUME s’est approchée d’elle en lui disant : «Plus fort, Maryse, je ne t’entends pas et comment veux tu que Nadine CORNET, à l’autre bout de la classe, t’entende ?
Maryse avait un grand manque d’assurance. Elle redoutait de passer au tableau noir pour réciter ses leçons. Elle n’avait pourtant rien à craindre, nos deux souffleuses attitrées, Danielle MENARD et Brigitte LECLERC, étaient là, en première ligne, pour lui souffler son texte à la moindre défaillance. Car il fallait les voir, toutes les deux, la Danielle et la Brigitte ! Elles jouaient des mandibules à s’en faire péter les mâchoires et si l’élève ne devinait pas les mots sur leurs lèvres, elles articulaient outre mesure, dodelinant leur tête avec insistance et redoublant de grimaces. Dans leur acharnement, elles lâchaient parfois une syllabe que Nadine CORNET, à l’autre extrémité de la classe, entendait. Quant à Monique BIKIALO, elle n’aurait de toute façon rien entendu car, bavarde comme une pie, elle parlait encore avec son KIKI.
Lorsque Mlle LACOUME posait une question à toute la classe, elle n’osait pas répondre mais soufflait discrètement la réponse à l’oreille de sa voisine. La maîtresse lui disait alors :
«Allez, Maryse, si tu sais, dit le à tous tes camarades !» Beaucoup d’autres se seraient jetés à l’eau, à commencer par Alain DEDOURS et Joël LAURY et tant pis si la réponse était fausse, l’important était, avant tout, de participer.
Rassure toi, Maryse, tu n’étais pas la seule à avoir la frousse dans la classe, on était nombreux, à commencer par moi et si je ne les cite pas, ils se reconnaîtront.