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Josette ANDRE était l’élève la plus traqueuse de la classe. Elle vivait des moments de grande angoisse, lors de la remise des devoirs notés, comptant pour le classement général.
Vous souvenez vous de ce fameux matin, si singulier pour Josette ?
 Mme VASSORT entre dans la classe, lance son « bonjour les enfants », s’installe à son bureau et sort de son sac, une liasse de copies de composition française. Elle jette un regard semi-circulaire sur tous les élèves et esquisse un sourire à la fois discret et complice. Chacun reste silencieux, impatient de connaître sa note.
 SUSPENSE ! ....
Josette, à sa table, porte la main à sa bouche et commence à se ronger les ongles.
Mme VASSORT se lève et  distribue un à un les devoirs de chacun, de la meilleure note à la plus basse, ajoutant ça et là, quelques annotations personnelles.
« Françoise, très bien -17/20 – Très Bon travail,  tu as très bien compris le sujet. »
« Christiane, très bien également - 16,5/20 – Ta conclusion est toutefois moins étoffée que celle de Françoise. »
« Anne-Marie, très bien également – 16,5/20 – Bon travail,  bonne introduction mais pas assez argumentée selon moi. »
« Alain, très bien – 16/20 –Tu devrais mieux écrire, mon garçon, je passe deux fois plus de temps à te lire qu’à te corriger. Applique toi la prochaine fois !»
Et les copies défilent et les notes baissent.
 Elles se rapprochent maintenant de la moyenne et toujours pas de Josette ANDRE. Son devoir se serait-il égaré, volatilisé ?
La pauvre ! Comment ne pas la remarquer ? Elle se morfond à sa table et se ronge les ongles jusqu’au sang. Tous les vernis amères et tous les gants blancs qu’elle a portés ne lui ont été d’aucun secours pour faire passer sa vilaine manie.
« Monique – 11/20 – Tu peux mieux faire. Je sais que tu n’es pas bête quand tu le veux et cesse de jacasser à la fin, tu es bavarde comme une pie et tu distrais tes camarades. »
« Danielle – 9/20 – Travail insuffisant, tâche de faire mieux la prochaine fois. »
« Raymonde – 8/20 – Tu n’as pas compris le sujet, du travail cependant. »
Mais enfin ! «  Y a-t-il une Josette ANDRE dans la salle ? » Oui, il y en a une !  Elle est littéralement décomposée, liquéfiée. Elle a sorti son mouchoir et la voilà qui s’essuie les yeux. Ses doigts sont rougis et ses mains tremblent. Elle est dans un état pitoyable. Nul doute que notre petite camarade souffre. Chacun la prend en pitié du regard.
Mme VASSORT se dirige vers elle et dit à haute voix : « Et enfin Josette ANDRE,.... Très bon travail, sujet parfaitement compris, très bien argumenté et les quelques citations d’auteurs auront fait la différence avec le devoir de Françoise – 18/20. »
Elle repart à son bureau, se retourne et ajoute d’un ton interrogateur : « Tu le savais qu’elle était très bonne ta composition, alors pourquoi te mettre dans un tel état ? Ait plus confiance en toi la prochaine fois ! »
Josette s’essuie les yeux, reprend sa respiration et se refait un visage en esquissant un bref sourire. Elle oublie ses ongles et pose ses mains sur la table. Elle saisie sa copie et la regarde intensément. Oui, c’est bien un 18/20  qui est écrit en rouge, elle ne rêve pas. Le cauchemar est enfin terminé. Il lui aura coûté quelques millimètres d’ongle, trois gouttes de sang et quelques chaudes larmes.
Josette était la camarade la plus bûcheuse de la classe. Elle n’avait pas l’aisance d’un Alain DEDOURS, ni les capacités d’une Françoise POTHIER ou d’une Christiane VIGNOLES et encore moins la célérité d’un Jean-Yves TRICOT à la course, mais possédait un courage et une opiniâtreté exemplaires. Sa maman lui faisait réciter ses leçons et elle ne se couchait que si les devoirs étaient faits et les leçons sues. Les matins, elle révisait avant de partir à l’école et parfois encore, à l’heure de la récréation. Pas de place pour les rires et les jeux. Son papa s’investissait également dans la réussite de ses études.
Lorsque Josette venait au tableau pour dire une récitation, rares étaient les fois où elle avait une mauvaise note. Elle ne récitait pas sa poésie avec le naturel d’une Anne-Marie GANNAT. La crainte de se tromper donnait malheureusement une certaine raideur à sa diction et la musique des vers en était altérée. Si un trou de mémoire survenait, elle lançait deux petits : «  Heu !  Heu ! » l’espace d’une seconde et reprenait son texte. Quel dommage ! Elle l’avait si bien récité à sa maman, le matin même ! Elle ne toussotait pas et ne portait pas sa main à la bouche comme Michel BREUILLER. Elle n’était pas non plus du genre à lire sur les lèvres de Danielle MENARD, notre souffleuse officielle. Elle jouait franc-jeu. Certains garçons, à commencer par moi, auraient bien déposé leurs lèvres sur celles de Danielle pour mieux décoder les pieds de chacun des vers qu’elle nous articulait outre mesure.
Imaginez alors le comique de la situation. Une Mme VASSORT, assise à son bureau disant d’un ton laconique : « C’est pas bientôt fini, Danielle et William?... C’est pas bientôt fini ?... »
Et moi de répondre, la bouche pleine : « Encore deux p’tits vers, Mam’selle, encore deux p’tits vers ! » Et Danielle, yeux écarquillés, d’agiter énergiquement son doigt au dessus de la tête pour signifier un NON catégorique.
Josette avait une sœur, Jocelyne, qui était également au CEG PASTEUR. Sa prof. principale était la très douce Mme MARCANTONI.  Ce portrait souvenir pourrait lui coller à la perfection, à la différence près que Jocelyne était moins assujettie au stress que Josette.
Jocelyne et Josette étaient deux sœurs inséparables. Elles étaient comme deux jumelles.  Toutes petites, leur maman les avait surnommées « mes titites ». Ce sobriquet ne les quittera plus jamais.
 Lorsque j’allais en vacances à l’île d’Oléron, je rencontrais M. BARON, un gendarme retraité, ancien collègue de M. ANDRE. Il me demandait toujours des nouvelles de la gendarmerie et des anciens gendarmes. Lorsque je lui parlais de M. et Mme. ANDRE, la question que sa femme et lui me posaient invariablement : «  Et les TITITES, que deviennent-elles? »
 

Claudine ROUSSEAU, la discrète. Etait-elle invisible ? On ne la voyait pas, on ne l'entendait pas. Elle ne parlait pas, elle susurrait les mots. Elle ne riait pas, elle esquissait un sourire, tout juste perceptible à la commissure de ses lèvres. Timide parmi les timides, elle était jolie comme une fleur sous ses boucles blondes. C'était en quelque sorte Alice au Pays de PASTEUR.

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Danièle GUILTAT. La pauvre, elle n'y voyait rien. Elle portait des lunettes et sa jolie frimousse en était affectée. Mais lorsqu'elle les retirait, on découvrait alors son vrai visage. Un visage pâle et doux à croquer sous des cheveux bouclés. Danièle était d'un naturel réservé et portait toujours de belles blouses bleues. Comme Claudine ROUSSEAU, elle était une Alice au Pays de PASTEUR.
Un jour, alors qu'un bouton de ma blouse s'était détaché, elle s'approcha de moi et le reboutonna en m'esquissant un doux sourire. Ce geste, au demeurant si banal, m'avait séduit.
Elle était très près de moi. Nous étions presque visage contre visage et je sentais le souffle de sa respiration sur ma joue. En une fraction de seconde j'ai découvert, non seulement une charmante camarade, mais en plus, une toute jeune demoiselle ravissante, pleine de bonté et d'égards envers son camarade de classe.
Et que dire de mon coeur?... II battait la chamade, bien sûr. Alors! Elle n'est pas belle la vie?
Danièle aura oublié cet instant magique mais pour ma part il restera gravé dans ma mémoire. Inutile de dire pour longtemps, c'est déjà fait.
Francette PETAT était une de ses meilleures copines de classe. Elles étaient souvent assises à la même table, de préférence sur le devant, pour mieux participer aux cours. Lorsque l'on est sérieux on choisit les meilleures places, et là, c'était le cas pour ces deux élèves.                                                
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