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Sa grande taille, sa silhouette filiforme, ses cheveux blonds et ses yeux bleus malicieux lui donnaient l’apparence d’un élève moqueur
et arrogant. Les réponses qu’il apportaient aux questions de ses profs étaient souvent justes, drôles et parfois pertinentes. Pendant un cours de Physique-Chimie de Mme PETIT sur l’étude du cuivre, cette dernière posa la question suivante : « De quelle couleur est le toit de l’opéra de PARIS ? »
Alain lève le doigt et lance avec sa décontraction
naturelle : « Moche »
« Très juste » répond la prof devant une classe en délire, « Mais encore ? »
« Vert caca d’oie » répond Alain sous une surenchère de rires de ses
camarades.
« Toujours très juste et j’ajouterai qu’Alain à tout à fait raison, ce toit
est vraiment moche. Quant à sa couleur,….elle est proche du vert, vert-de-gris, pour être plus précis»
Ce jour là, la pertinence et l’humour d’Alain ont joué en sa faveur. Avec un professeur, autre que Mme PETIT, cela aurait peut-être tourné au vinaigre?
L’espace entre pertinence et impertinence est parfois mince et le pauvre Alain
en a quelquefois fait les frais. Ce qui lui valut de détenir le triste record des paires de claques distribuées en cours d’année par Mme
VASSORT.
Alain était
sans nul doute l’élève le plus intelligent de la classe et de façon certaine le meilleur en natation. Sa silhouette longiligne était un atout pour avaler les longueurs de bassin, devant le regard
admiratif et connaisseur du maître nageur, M. SAVOUREUX.
Son grand copain de classe était Michel BREUILLET qu’il surnommait
MIKE et son chanteur préféré RAY CHARLES. C’est Alain qui eut l’idée d’offrir à M.
CARRIAU, un disque 45 tours de son idole, pour marquer la fin de l’année scolaire.
Lorsque j’ai appris le décès de ce grand artiste à la radio, j’ai eu une pensée émue pour RAY CHARLES et M. CARRIAU. Depuis la 6è, en effet, et grâce à l’initiative d’Alain, ma mémoire associait les
noms de ces deux grands artistes.
Dis-moi Alain, as-tu perdu cette manie que tu avais lorsque tu riais ? Tu
te serrais fortement les deux mains, tu faisais une petite courbette en vrillant légèrement le corps et tu pouffais de rire en crispant fortement les mâchoires. Dans cette position tu te mettais
en phase avec ton camarade pour que vos deux visages se trouvent face à face. Avec un type plus grand que toi, je pense que tu n’aurais pas eu la même attitude.
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M. MORIZET nous surchargeait de devoirs et le français en
faisait les frais.
Combien de fois Mme VASSORT a dit à M. MORIZET : "Il sont trop petits pour choisir."
Mais M. MORIZET gardait son cap... (Que dis-je, sa péninsule
- Cyrano de Bergerac)
Lorsque Michel disait sa récitation devant la classe toute ouie,
il portait sa main à la bouche et toussotait dès qu'il sentait poindre le trou de mémoire. Un Hum! Hum! légèrement enroué lui donnait le temps de la réflexion pour repartir cahin-caha à la
reconquête des vers.
Il était un portraitiste talentueux et ne manquait jamais de dévoiler ses oeuvres à ses camarades, pendant les
récréations. Ses modèles, des vedettes de la chanson qu'il piquait dans SALUT LES COPAINS, bible incontournable des garçons et des filles des années YEYE. Bible qui rivalisait avec une autre
bible tout autant célèbre, mais moins plébiscitée par les élèves, le fameux BLED qui faisait les délices de Mme VASSORT
A la course à pied, il égalait les chronos de Jacques MARTIN et de Michel
BARAGLIA.
Autant dire qu'il ne s'est jamais frotté au Beau
Gosse. Mais qu'importe, Michel avait emboîté une foulée sûre, celle de M. MORIZET, qui lui ouvrait une Voie Royale.
Alain DEDOURS était son vrai pote. Plus tard, les évènements de Mai 68 terniront, hélas, cette vieille relation.
Michel était fan d'une jeune vedette de l'époque : Claude
NOUGARO, dont il collectionnait les disques.
Sa maman, qui travaillait "au coin de Paris" rue Dorée, me donnait de ses nouvelles et je l'informais de ma jeune
carrière chez M. GUEGUEN, Géomètre à Montargis.