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Et pourtant, nous avions dans notre classe, deux MINI camarades, Danielle
MENARD et Brigitte LECLERC.
Leurs tailles de poupées les obligeaient à se mettre aux premières loges, sur le devant des rangs, les fonds de la classe ou les
extérieurs étant réservés aux MAXI élèves, tels Nadine CORNET, Danielle
SAUVAGE, Martine MIGNON ou Michel BARAGLIA.
Danielle et Brigitte sont très vite devenues les mascottes de l’école. A la récréation, Brigitte
était toujours scotchée au bras de Danielle et portait de belles robes rose bonbon. Danielle en portait des vertes ou des
bleues. Toujours ensemble, elles étaient reconnaissables entre mille et il était facile de les repérer, au beau milieu de la cour, sous les platanes ou aux abords du préau.
Toutes deux étaient les coqueluches des « grands » de chez M. COSSON.
En 6ème, pendant les récréations, des élèves tels Jean-Claude CUGUEN et Joël JONDEAU, se rapprochaient d’elles pour faire connaissances. Trop jeunes, elles prenaient
leurs distances et se réfugiaient sous les verrières, à deux pas du groupe de maîtres et maîtresses qui discutaient à proximité de la cloche. En 4ème, moins farouches, elles
profitaient des séances de Ciné-club, pour cultiver des relations plus rapprochées avec ces mêmes « grands ». On pouvait alors les voir rôder vers le préau, avec leur petite cour aux
trousses.
Brigitte avait une coquetterie à l’œil, un très léger strabisme à l’œil droit qui ne portait pas ombrage à son charme. Elle était moins hardie et moins
souriante que Danielle. Elle lui tenait toujours le bras pour se sécuriser.
Danielle avait un caractère plus ouvert et une voix très franche. Elle était très naturelle et n’était pas avare de sourires.
Comment ne pas succomber à leur charme ? Sans elles, la classe aurait été différente, plus triste peut-être ?
Mlle LACOUME était séduite par ces deux élèves aussi mignonnes l’une que l’autre, mais pouvaient-elles détrôner Jean-Yves TRICOT ? Personnellement, j’en doute fort, car pour avoir parlé de « Sa Classe » à notre Amie
Christiane, cinquante ans plus tard, notre maîtresse n’avait le souvenir que de certains élèves et plus particulièrement du beau
Jean-Yves comme elle le surnommait encore, «la gourmande».
Danielle et Brigitte avaient un talent certain pour le mime. Leurs places, devant le tableau noir, les mettaient aux premières loges pour assister au spectacle des
élèves qui venaient dire leur récitation ou répondre aux questions de la maîtresse. Et du spectacle, il y en avait. Entre ceux qui récitaient du par cœur, sans buter une seule fois sur un mot ou
une syllabe et d’autres qui, pris de trac, avaient des trous de mémoire pas possible ou ceux encore qui n’avaient rien appris du tout et qui se payaient le culot de dire à la
maîtresse :
«Je croyais que c’était pour demain, Mademoiselle».
S’en suivait alors la fameuse et percutante réplique :
« Et celle là, elle est pour demain, peut-être ? »
Si le culot avait ses limites, la ponctualité, elle, avait ses exigences que Mlle
LACOUME mettait un « poing » d’honneur à respecter dans les plus brefs délais.
Sacré Joël,
car c’est bien de toi dont il s’agit, elle était un peu lourde ton excuse. La prochaine fois, il faudra trouver autre chose, dans le genre : « Je l’avais apprise pour avant-hier et
aujourd’hui, je ne m’en souviens plus ». Peut-être que cela aurait mieux marché ?
A ceux qui avaient des trous de mémoire, Danielle profitait de l’inattention de
la maîtresse pour leur articuler chaque syllabe du texte.
Combien d’élèves ont ainsi sauvé leur moyenne grâce à son concours !
Combien d’élèves ont ainsi sauvé leur moyenne grâce à son concours !
Soixante ans plus tard, elle ne se serait jamais permise un tel «déhanchement» des mandibules, par crainte de perdre son
dentier.
Mlle LACOUME n’était pas dupe et combien de fois a-t-elle dit ? :
«Danielle, cesse de souffler à ta petite camarade ! ».
Vous souvenez vous du charmant compagnon de Danielle ? Elle nous le
présenta un après midi dans la classe. Un écureuil super mignon et léger comme l’air qui trouvait refuge dans sa manche. Il sautait de table en table et elle avait toutes les peines du monde pour
le rattraper. Chacun voulait s’en approcher et le caresser.
Chères Danielle et Brigitte, vos deux
gentils minois apportaient à notre classe, un parfum, une légèreté, une gaieté qu’aucun bouquet de fleurs n’aurait pu remplacer.
Je terminerais votre portrait souvenir par un extrait d’un poème de Pierre de RONSARD qui vous sied si bien :
« Mignonne, allons voir si la rose qui ce matin avait déclose sa robe de pourpre au soleil... »